A la découverte de N'Kâlo, le service d'information et de conseil sur le marché des filières agricoles ; entretien avec Pierre RICAU/Serge KEDJA: Partie 1.


Pouvez-vous vous présenter ?
Pierre RICAU, Agroéconomiste, Analyste de marchés agricoles, expert en analyse de marché des filières agricoles, en particulier sur l’analyse de la chaîne de valeur (acteurs, flux, demande...), sur les fondamentaux de ces marchés, et la variation de ces facteurs dans le temps et l’espace pour produire une analyse et des formations adaptées aux besoins des acteurs.
Serge KEDJA, Ingénieur en Systèmes d’Informations Avancés, responsable de l’administration des systèmes informatiques utilisés dans le cadre des services fournis par RONGEAD et de la veille technologique. En charge du développement et de l’optimisation de solutions TIC adaptées au milieu rural en Afrique de, notamment pour la collecte et la diffusion d’information.

Pouvez-vous présenter votre application ?
Différente d’une application au sens technologique du terme, NKALO est un service d’information sur le marché de l’anacarde, du sésame et du karité (actuellement opérationnel en Côte d’Ivoire, au Mali au Burkina Faso et dans une moindre mesure au Sénégal et au Tchad) combinant analyse des marchés, conception de conseils engagés, adaptés aux utilisateurs (producteurs, PME, institutions) et souplesse technologique. Plusieurs partenaires aujourd’hui utilisent ce service dans des contextes techniques, commerciaux et institutionnels variés : appui à l’opérateur mobile Orange™ pour la mise en place de services adaptés au milieu rural (le 7818 en Côte d’Ivoire, call center au 37333 et USSD #222# au Mali, web-to-sms solution avec Airtel au Burkina, push SMS avec Orange au Sénégal, serveur vocal en Côte d’Ivoire au 90022222, flotte 600 producteurs, blogs & bulletins sur les marchés anacarde, sésame, karité, maïs et oignons…), appui aux organisations interprofessionnelles pour la mise en place de veille commerciale et l’élaboration de conseils en matière de gestion des risques commerciaux (avec nos partenaires Global Shea Alliance, African Cashew Alliance, Fédération nationale des producteurs de sésame au Sénégal) ; appui institutionnels (Conseil Anacarde Coton, Office de Commercialisation des Produits Vivriers). NKALO s’appuie sur un principe de formation, d’information et de conseils regroupés au sein d’un service d’intelligence économique. La formation renforce les capacités des institutions, PME, OPA et des producteurs à l’utilisation d’une information pour la prise de décision. Le projet proposé ici vise donc le passage de pilotes innovants à une validation économique et méthodologique (confirmation des hypothèses techniques, économiques, impacts).

Qui alimente la base de données de N’kâlo ?
Une collecte fine sur le terrain est réalisée localement et une fois par semaine par des formateurs. Ils collectent les prix et des informations sur les conditions du marché chaque semaine auprès des producteurs et de commerçants différents. Ces conseillers formateurs sont des agents de structures locales si nécessaire. N’Kalô dispose d’une équipe projet (ONG CHIGATA) en Côte d’Ivoire, contrairement au Sénégal avec la Fédération Nationale des Producteurs de Sésame (FENPROSE) où les membres sont bénéficiaires. Tous sont formés à l’analyse de marchés. Ils utilisent des formulaires standardisés mais simples. Sur le marché national, au niveau des grands ports d’exportation en Afrique de l’Ouest, un analyste du marché étudie les prix et les conditions de marché en collaboration avec les acteurs étatiques et privés. Le suivi traite notamment de l’état des stocks, des arrivages, des montants des contrats, de la pression de l’offre et la demande, des facteurs perturbateurs du marché... Les informations à l'échelle internationale sont, quant à elles, collectées au niveau des autres pays producteurs, exportateurs, transformateurs et/ou consommateurs de la sous-région de l’Afrique de l’ouest, de l’Afrique de l’est, de l’Inde, du Vietnam, de l’Europe, des États-Unis, du Moyen-Orient et de la Chine, principalement.

Nous avons vu ces derniers temps une utilisation plus accrue des TIC pour l’agriculture, quelles innovations apportent N’kalo?
L’analyse des marchés agricoles repose sur une connaissance approfondie des filières nationales et du marché international, qui permet de synthétiser l’ensemble des informations disponibles chaque semaine afin de produire un conseil sur la gestion des risques commerciaux (variations de prix, absences de partenaires, non-respect des contrats, etc.). Elle s'appuie sur les données collectées, ainsi que sur des informations non quantifiables et parfois subjectives selon l’origine de ces informations. La valeur ajoutée de l’information produite, par la synthèse et l’analyse de cette dernière, lui permet d’être immédiatement valorisable par les acteurs cibles.

Une autre innovation dans le secteur de l’information à destination de l’agriculture est d’utiliser les TIC comme un vecteur pour une information et des contenus intéressants à diffuser mais pas comme une fin en soi.

Commentaires

  1. l'agriculture et la technologie: si on parvient à associer ces deux secteurs, l'Afrique atteindra son autosuffisance alimentaire.

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    1. Parfaitement et les pays qui se sont mis dans cette dynamique sont en train de voir les résultats, il y a tellement d'opportunités avec les TIC ! faut dire aussi qu'au Sénégal on est encore à la traîne comparé à des pays comme le Kenya ou le Rwanda.

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