Réaliser le potentiel de la recherche agronomique en redynamisant la recherche dans les écoles et instituts d'agronomie
La recherche agronomique est l’élément déclencheur
de l’innovation, elle-même condition sine qua non de changements profonds au
plan social comme économique. Au Sénégal, la plus grande partie de la recherche
agronomique est exécutée par des composants divers, incluant le secteur public
ou privé, les instituts de recherche ainsi que les universités (universités
et instituts et écoles d'agronomie). Cependant, les
universités sont aujourd’hui plus connues pour leur rôle dans la formation
des futurs agents du développement que pour leur contribution au service du
système national de recherche. Leur potentiel est dès lors non exploité et leur
accompagnement par les instituts de recherche nationales et internationales se
trouve dans une certaine désinvolture. La recherche universitaire est presque
inexistante sinon elle n’est que du ressort du corps professoral, les étudiants
étant pour la plupart du temps exclu du schéma de recherche ou non incités à
devenir chercheur.
Et il suffit d’avoir une vue sur nos formations pour
s’apercevoir qu’en fait qu’on ne forme plus de chercheurs. Le simple fait qu’il
y’ait tous ces sujets de recherche qui reviennent encore ou repris comme si le
champ de la recherche devait se contenir dans un certain radotage peut
s’expliquer par une certaine tendance voulant que l’élève ait plus
d’intelligence que de créativité. L’on verse ainsi dans le conformisme, où
l’innovation devient rare. En effet, comment comprendre qu’un étudiant soit
testé sur certaines disciplines -requérant une certaine habilité dans la
technique- examen sur table. Un cours de machinisme par exemple ne pourrait se
terminer avec un examen sur table, bien au-delà de comment une machine agricole
fonctionne, l’étudiant devrait dès ce moment même s’y mettre pour espérer en
concevoir un, un jour. La recherche souffre également de ce manque
d’intégration dans nos politiques de recherche. Une harmonisation des textes au
moins au niveau de la sous-région ouest-africaine saurait lever un certain
nombre de barrières en facilitant d’avantage l’échange d’informations, de
ressources humaines ainsi que de matériel végétal entre universités de la
sous-région et ceci en respect avec nos ressources locales. Il faudra ainsi
changer le format de la recherche en capacitant les universités en ressources
humaines disponibles en nombre et qui ont la culture de la recherche.
Il appartient aux professeurs de faire émerger en chacun de leurs élèves cet amour de la recherche. Surtout en leur cooptant dans leurs projets. Le manque de financement à la hauteur de la rapidité de la poussée technologique laisse en rade aujourd’hui nos universités. Une solution à ce problème serait alors de placer les écoles de formation en agronomie aussi bien sous la tutelle du ministère de l’enseignement supérieur que du ministère de l’agriculture. Le train de l’innovation va très vite, afin d’être plus conforme aux réalités du monde rural par ailleurs non figées, la recherche universitaire devra être dynamique c'est-à-dire ayant son préambule de pensée au sein du monde rural, devant être conduite avec les producteurs et vulgarisé amplement via les organisations et autres coopératives de producteurs. Cela passera d’abord par la définition claire d’un schéma d’intégration des universités dans le système national de recherche. En outre beaucoup d’écoles de formation agricole renferment en leur sein des centres de recherche, il est temps aujourd’hui que ces écoles puissent bénéficier de cette proximité.
Par ailleurs l’ouverture d’une formation doctorale
au sein de l’université de Thiès, en collaboration avec l'ENSA (l'Ecole
Nationale Supérieure d'Agriculture) pourrait présager de ce nouveau visage
qu’on veuille donner à la recherche agronomique au niveau de nos universités.
Ce sera le rôle des structures évoluant dans le secteur agricole ou autres ONG
d'accompagner cette dynamique ou d’offrir par exemple des bourses afin de
stimuler cette passion de la recherche au sein du monde estudiantin. Le capital formé est certes encore moindre et pas à
mesure de propulser notre agriculture. Tout autant cela ne voudrait pas
signifier massifier ces écoles qui devront s’efforcer de garder leur
compétitivité. Car vaudrait mieux former des élites dévouées à la recherche
qu’une cohorte de jeunes chercheurs qui arriveront sur le marché sans grandes
compétences. Les universités devront se doter de journaux de référence en vue
de vulgariser les résultats de recherche qu’ils devraient conduire. Les TIC
s’offrent comme l’outil par excellence dans ce cadre. Ce procédé devra
également garantir l’aptitude des étudiants à fournir des documents
scientifiques.
L’Etat devrait comprendre que lorsque les
universités font des recherches ce n’est pas seulement pour augmenter leur
expérience pour l’éducation et la formation c’est avant tout pour participer
autant que possible à l’effort de recherche nationale en proposant des
résultats applicables dans leur terroir. Tout en y faisant bénéficier les
étudiants et ceci en formant des ressources humaines beaucoup plus qualifiées
et plus aptes à affronter les réalités du monde rural. Au même fait que les
entreprises soient tenues d’une responsabilité sociétale, les universités le
sont également. Il appartient aux administrations des écoles d’agronomie
d’avoir un vrai programme de recherche parce que si celle-ci n’est pas placée
en priorité par les principaux acteurs, elle ne le sera pas aux yeux des
potentiels bailleurs.
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