Financement des chaînes de valeur agricoles : de la chaîne de risques à la chaîne d'opportunités.




La mondialisation a fait passer le monde d’une économie clairsemée en économie globalisée offrant une multitude d’opportunités tout en exigeant, cependant, une intervention financière à la hauteur de ces exigences. Malgré une volonté des politiques d’apporter une réponse adéquate à ce besoin accrue de financement surtout pour le milieu rural dont l’agriculture demeure l’activité phare, les réponses telles que la microfinance n’ont pas pu atteindre tous les objectifs escomptés. Les besoins de financement de ces agricultures sont importants et constituent le facteur clé de la modernisation de celle-ci et de son développement. Apporter une réponse adaptée à cette demande est donc aujourd’hui un enjeu majeur.

Le financement des chaînes de valeur agricoles constitue une partie ou  l’ensemble des services financiers, des produits et des services de soutien qui transitent vers et/ou par le biais d’une chaîne de valeur pour répondre aux besoins et aux contraintes des acteurs impliqués dans la chaîne, qu’il s’agisse de la nécessité de pouvoir accéder à des financements, d’assurer les ventes, de se procurer des produits, de réduire les risques et/ou d’améliorer le rendement au sein de la chaîne.

Ce financement peut être direct ou indirect ou encore en cascade ciblant des maillons précis de la chaine. Les modèles de financements des chaînes de valeur sont diverses et peuvent être intégrées sur divers maillons. Par exemple dans la zone de Kolda, pour la chaîne de valeur anacarde, les collecteurs payent à l’avance la production d’anacarde chez les différents producteurs et passeront récupérer les noix brutes le moment venu. Ces collecteurs ont une bonne connaissance du terrain et des producteurs, ce qui accroît l'efficacité de leur intermédiation. Ils sont constamment sur le terrain pour s’assurer de l’exécution des opérations et pour coordonner l'enlèvement et le transport des stocks.

Il convient de dire cependant que le financement des chaînes de valeurs n’est pas destiné à une agriculture familiale ne dégageant pas un surplus de production en quantité et qualité commercialisable. Il appartient aux Etats d’augmenter l’engouement des banques à vouloir investir dans l’agriculture. Ceci non pas en subventionnant à tout va mais en mettant  en place des mécanismes de sécurisation des fonds par le biais de la contractualisation. Le cas de la SOCAS ou de la laiterie du berger, au Sénégal, est aujourd’hui un bel exemple de contractualisation réussie qui pourrait être reproduit en Afrique et pour d'autres chaînes de valeur agricoles .

A la faveur d’une nouvelle classe moyenne qui s’érige dans les centres villes, de nouveaux consommateurs plus tenant sur l’aspect et la présentation des produits est en train de naître et le secteur agro-industriel a intérêt à se mettre au diapason de ses changements. Aux démarches spéculatives sur l’approvisionnement en matières premières, la chaîne de valeur garantie une régularité ainsi qu’une certaine normativité sur l’aspect des produits agricoles. Afin de répondre à ces demandes, les producteurs doivent alors se mettre dans les normes édictées par les besoins spécifiques des consommateurs qui les transmettent à l’entreprise d’agro-industrie chargée de s’assurer que les producteurs les prendront en compte. Ces liens installent une certaine relation de confiance entre lesdits acteurs de sorte que le flux financier sur cette chaine devient plus important. En outre le financement des chaînes de valeur agricoles va au-delà de l’analyse d’un seul maillon mais analyse la force et la compétitivité de chaque maillon de la chaîne. Il est possible alors pour les petits producteurs n’ayant qu’une faible garantie par rapport à la commercialisation de les intégrer dans une chaîne de valeur donnant la possibilité de les lier à de potentiels acheteurs, les coûts de financement étant réduit car le risque étant partagé.

Dans ce marché de plus en plus ouvert et compétitif où l’on ne se préoccupe plus seulement du combien on produit mais beaucoup plus du comment, il devient urgent alors d’inclure ces nouveautés dans les systèmes de production.

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