Explorer le potentiel des TIC pour des chaînes de valeur agricoles compétitives

Participants de la #SENAG2017 en visite dans une ferme avicole à Thiès


Comment l’Afrique sera-t-elle capable de nourrir les 2 milliards de personnes qu’elle comptera en 2050 en comptant sur la capacité des jeunes entrepreneurs agricoles ? C’est la grande interrogation sur laquelle se sont penchés les participants à l’atelier sur entrepreneuriat agricole de cette deuxième cohorte de la Semaine de entrepreneuriat agricole organisée par Yeesal AgriHub en partenariat avec la Coopération Allemande (GIZ).

Jusqu'où ira la capacité des jeunes pour nourrir 2 milliards d'africains ?

Pour l’animateur de l’atelier sur l’entreprenariat agricole, M. Toffène Dione, le potentiel agricole de l’Afrique est encore peu exploité et il faudra nécessairement, pour relever ce défi, que plus d’entrepreneurs africains investissent dans ce secteur en y apportant leur esprit d’innovation. C’est ce dont a fait montre Abdoulaye Kandji, un jeune entrepreneur présenté par le formateur. Ce jeune agronome travaillant comme assistant technique au sein de la coopération japonaise (JICA) a conçu un nouvel équipement pour les riziculteurs. Généralement, les houes sine utilisés par les producteurs de riz pluvial ne permettent pas un désherbage sans tuer les plantules, explique Abdoulaye Kandji, concepteur de cet outil. Face à ce problème, les producteurs utilisent un grand écartement ce qui réduit considérablement leur rendement. D'autres producteurs sont quant à eux obligés de réduire le nombre de hilaires diminuant ainsi leur productivité. Pour contourner ce problème, l'ingénieur a proposé un remplacement des hilaires par une lame. Les producteurs peuvent ainsi désherber leur parcelle sans être obligés d'ensevelir ou de tuer les plantules. Un grand soulagement pour ces producteurs qui gagnent aussi bien en temps et en rendement.

Atelier business model canvas avec les participants de la #SENAG2017


Pour bien saisir les opportunités du secteur agricole, le formateur a également présenté les différentes politiques agricoles en cours au Sénégal. C’est le cas du programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (PRACAS) et du Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA) au niveau du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). « Après tout, tout ce que l’Etat ne fait pas est une opportunité d’affaires pour les entrepreneurs », a affirmé M. Dione.

Nourrir deux milliards de populations est un réel marché pour les entrepreneurs africains. Mais, le formateur a souligné tout de même que les acteurs de l’agrobusiness devront travailler sur leur modèle d’approche pour rendre ce marché plus inclusif et accessible aux petits producteurs. Pour cela, Toffène suggère aux entreprises rurales de voir grand dans la conception de leurs produits.
Les participants à cet atelier sont désormais assez outillés avec le business model canvas qui leur permettra de mieux structurer leurs projets, bien connaître le marché et les besoins de leur clientèle, et surtout de se préparer à communiquer sur leurs projets. Une transition qui permet au jeune agronome formateur du jour de rappeler que « nous vivons dans un monde où tout devient connecté ». D’où l’intérêt pour les entrepreneurs « de se former pour suivre l’évolution de la technologie ».

Sonko, fondateur de Mlouma en plein échange avec les participants de #SENAG2017

Insuffler une nouvelle dynamique à l’agriculture africaine grâce aux TIC

C’est ce qu’a fait justement Aboubacar Sidy Sonko, le formateur de l’atelier sur les TIC dans la chaîne de valeur agricole, deuxième session de la journée. Il a notamment créé la plateforme Mlouma de commercialisation des produits agricoles. Sonko fait partie des pionniers qui ont su marier la technologie et l’agriculture. Les participants ont découvert, à travers cet atelier, le concept de chaîne de valeur. Ils sont aussi outillés sur comment se positionner sur chaque maillon de la chaîne afin de proposer une solution basée sur les TIC à partir de l’identification d’une problématique. Quoi de mieux que la plateforme Mlouma pour donner l’exemple. Il a fallu trois années de prototypage à Sonko et son équipe pour se rendre compte que la plateforme web développée n’était pas le canal idéal pour les producteurs en quête d’informations sur le marché. Ainsi Mlouma dispose-t-il désormais d’une plateforme USSD permettant même aux producteurs n’ayant pas la connexion internet et un smartphone de bénéficier des services de la plateforme. Au cours de ses tournées dans le Nord du Sénégal, le jeune entrepreneur  avait constaté que les producteurs étaient abusés par les intermédiaires qui leur fournissent des informations erronées sur les prix du marché. Suffisant pour que Sonko et son équipe pensent à l’utilisation de la technologie pour fournir des informations sûres et à temps réel aux producteurs afin « d’augmenter leur pouvoir de négociation ». Ce sont des solutions concrètes au profit des petits agriculteurs, lesquelles solutions sont aujourd’hui pensées par de jeunes entrepreneurs qui ne sont pas forcément des informaticiens, comme le rappelle le formateur. Tout de même, un des participants déplore le fait que les services TIC pour l’agriculture déjà disponibles au Sénégal sont encore peu connus de la masse. Les entrepreneurs doivent alors aller au-delà du digital et des médias sociaux en travaillant encore plus sur l’aspect communication.

Cette session sur les TIC dans la chaîne de valeur agricole s’est terminée en beauté avec cette pensée nous venant du Kenya, ce pays qui a su profiter pleinement du potentiel des TIC : « Tout seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin ». Par le potentiel d’inclusion qu’offrent les TIC, l’agriculture africaine ira plus loin et se fera avec ce que les jeunes entrepreneurs africains en feront.


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