Epargner là bas, créer une entreprise agricole ici : contribution de la diaspora dans l'agriculture.
Plus de 600 milliards FCFA, c’est le montant envoyé
par an par les émigrés sénégalais. Mais malheureusement, cette manne financière
non négligeable sert plus à entretenir les besoins sociaux des familles qu’à
asseoir de réels projets d’investissement. Ces transferts ont fini de rendre
les familles très dépendantes à l’encontre des émigrés. A la limite, le seul
secteur qui bénéficie d’investissement reste le secteur de l'immobilier, parce
que présentant moins de risque. Pendant ce temps pour le secteur agricole
marocain, un seul sou investi par les marocains de l'extérieur dans
l'agriculture est quasiment multiplié par 10 par leur gouvernement, parce que
c'est quasiment détaxé. Un exemple qui tarde à se généraliser en Afrique.
Ce rythme des transferts d’argent a été soutenu par
une pullulation dans le secteur. Du coup les montants des transferts sont
devenus moins chers et surtout les formalités ont nettement diminué. Si les
transferts d’argent vont crescendo, la diversité de l’offre n’y est pas. En
effet le seul service offert reste le simple transfert d’argent. IL n’y a pas à
ce jour une banque d’investissement présent à l’étranger et qui permettrait de
sensibiliser les émigrés sur les possibilités d’investir ces fonds dans des
secteurs stratégiques comme l’agriculture. Alors, pour les quelques cas voulant
investir dans ce secteur, l’on se rabat sur des gens de son entourage. La
gestion d’une exploitation agricole supposerait que cette personne de notre
entourage allie à la fois confiance et compétence. Deux choses qu’il
n’est pas évident de réunir dans bien des cas. La gestion est alors rendue
difficile par la distance surtout que cette activité revêt un cachet délicat.
Par ailleurs investir au plan local suppose
néanmoins qu’il y ait un minimum de niveau de développement au risque de placer
le migrant dans une situation de dépenses dont il ne saurait faire face c'est-à-dire
entretenir sa famille, investir, tout en épargnant. Ce rôle doit être dévolu
aux organisations locales pour améliorer le cadre de vie des populations qui
seront plus aptes à valoriser cet investissement le temps venu. Les investissements portant sur l’agriculture sont
lourds et ne peuvent être supporté par l’épargne du migrant, la disponibilité
du crédit étant nécessaire. Au-delà de cette difficulté de l’accès au
crédit il y a le manque de structures d’encadrement. Pour contourner cela
l’investissement par tranche reste la seule alternative, avec comme corollaire
l’augmentation des charges d’investissement et un retard sur les ambitions.
Ce n’est pas pour autant qu’il faudra verser dans la
fatalité car des exemples de réussite existent bel et bien. Cependant la
difficulté majeure réside dans le fait que les réponses apportées ne donnent pas
tout le package nécessaire c'est-à-dire, s'occupant aussi bien du financement
que de l'encadrement. Les immigrés se trouvent ainsi perdus et ne savent pas à
qui s'adresser. Une lueur d’espoir est quand même permise avec la création du
FAISE (Fonds d'Appui à l'Investissement des Sénégalais de l'Extérieur). Ce
fonds destiné à faire participer les émigrés dans l'effort de développement
comprend un financement plafonné à 15000000 avec un taux d'intérêt de 6%
remboursable en 5 ans avec un engagement personnel de 20% de la part du
promoteur. Pour autant cela ne résout pas définitivement le problème. Puisqu’il
faudrait aujourd’hui mettre en place une interface présentant à la fois un
volet encadrement technique ainsi que financement dès lors, que pour bénéficier
d'un financement du FAISE la compétence et l'expérience du promoteur pour son
domaine d'investissement est requise. La plupart des expatriés ne sont animés
que par la passion d'investir dans l'agriculture sans pour autant disposer de
capacités pouvant leur permettre de ficeler un projet agricole. Les projets
doivent contenir certes, une étude sur la rentabilité ainsi que sur la
viabilité, cependant le rôle doit être pour la structure de financement de
s'assurer à ce que le promoteur puisse réellement s'en sortir auquel cas la
reproductibilité du financement à la faveur d’autres sénégalais sera menacée.
La preuve est que les taux de remboursement restent encore faibles (environ
5%). Egalement le plafonnement du prêt à 15000000 fait en sorte qu'il vient
plus en appoint qu'en investissement de départ s’il faut compter les intrants,
le foncier pour ceux qui ne disposent pas de terres, le payement de la main d’œuvre
etc… L’Etat pourrait, pour les émigrés voulant par exemple importer du matériel
agricole , détaxer totalement de sorte que les coûts d'investissement soient
diminués.
Par ailleurs, un projet bâti sans business plan se
gérera au jour le jour diminuant de fait toute idée de continuité et
contribuant à alourdir les investissements. Cet appel du pied de nos
compatriotes expatriés doit aujourd’hui se traduire par des actes viables et
garantissant aux émigrés de générer des revenus pouvant couvrir les besoins de
la famille et permettant de sortir également ces familles de ce cycle de grande
dépendance envers l’émigré. Penser à revenir réinvestir dans leur pays est un
souhait de tous les immigrés, ils ne manquent pour l’instant que la structure
couvrant toutes les attentes pour la mise en place de projets agricoles. Même
si la volonté est forte, les émigrés ne trouvent pas la structure adéquate,
laissés à eux-mêmes, leurs projets naissent parfois sans business plan, sans
encadrement, au point qu’il est admis pour beaucoup, qu’investir en
l’agriculture ne soit pas la meilleure option.
Intéressant cet article!! si seulement cet argent était investi dans l'agriculture , je suis sur que les mots " sécurité alimentaire ou autosuffisance alimentaire" ne feraient plus partis de notre vocabulaire ...mais hélas!!!
RépondreSupprimerBien vu, 600 milliards ne doivent pas nous passer sur le nez comme ça, mais quand même la volonté d'investir est bien là.
Supprimerwaou! je partage partement cette idée, elle a meme ete un debat entre moi certain camarde. je pense que nous avons du boulot a faire, les banque ont leur ont objectif, il se font des interet et se partage des bonus.
RépondreSupprimersensibilisons d'avantage nos fere de la diapora, certains ont commencé a comprendre.
merci de cette interpelation
Nos gouvernants ne peuvent plus se passer de toute cette manne financière d'autant plus que ces transferts d'argent placent les familles dans une certaine insécurité. Mais l'engouement envers l'agriculture se fait sentir et même j'en connais beaucoup qui sont prêt à venir investir.
SupprimerJoli article frere! J'espere qu'on pourra echanger sur le sujet quand on se verra Inchallah
RépondreSupprimerInchallah ce sera avec plaisir. A la prochaine alors !
SupprimerHahaha boy Adou aka Moumeu, sinon bel article ndeysaan. J'avais un autre commentaire que je m'abstiens de partager ici pour ne pas te déstabiliser ou rendre ce blog moins sérieux. En tout cas c'est le bon moment pour nos frères Modou-Modou avec le problème du foncier maintenant....
SupprimerEffectivement y a de la matière à exploiter
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